En quelques lignes votre parcours professionnel ?

Jeune diplômé, à l’âge de 25 ans de l’École Service Santé des Armées de Bordeaux, je fais le choix de rejoindre la Marine nationale, en tant que médecin. 3 mois sur le Jeanne d’Arc puis 1ère affectation chez les commandos Marine à Lorient en 1989. En 1992, je suis muté à l’Arsenal de Lorient et passe ma spécialité de médecine d’urgence à la faculté de Rennes. En 1994, retour aux commandos Marine puis en 1996, mutation dans l’océan Indien sur un navire atelier, comportant à son bord tout l’arsenal d’un véritable hôpital (Bloc opératoire, caisson de recompression…), une nouvelle approche de la médecine dans un espace confiné et coupé du monde extérieur.

En 1997, je rejoins les marins pompiers de Marseille jusqu’en 2001. Puis retour aux commandos Marine jusqu’en 2004. 2005, début d’une nouvelle expérience en tant que responsable du service des urgences de l’hôpital des armées Percy. Après 25 ans de services intenses, jeune retraité, j’ai pris un poste au service d’urgence de l’hôpital de Pont L’Abbé, puis j’ai rejoint le SMUR de Mayotte. Retour en métropole en été 2011 et création l’année suivante d’une structure d’urgence en Traumato à Lorient. Depuis 3 ans, je pars régulièrement entre 1 et 2 mois exercer la médecine d’urgence en montagne, un environnement imprévisible et responsable de nombreux traumatismes.

Quelles sont les principales qualités nécessaires pour faire face aux situations d’urgence ?

Il faut avant tout être formé. L’expérience est la clé d’une médecine d’urgence maitrisée. L’urgence exige avant tout de la technique et de la polyvalence. Plus qu’une posture c’est un état d’esprit, une qualité philosophique. À la différence d’un spécialiste, qui répète les mêmes gestes toute la journée, la vraie médecine d’urgence appelle à traiter de pathologies très différentes. En résumé il faut être très professionnel et respecter les procédures.

Et les principaux défauts à combattre ?

Le 1er défaut est sans doute celui de l’affect. Il ne faut pas que ça déborde… l’émotion peut être un piège dans lequel il est primordial de ne pas tomber.
 Le 2ème c’est certainement la vanité, l’orgueil. Penser tout savoir, tout connaitre, imaginer qu’on détient un pouvoir énorme… La médecine d’urgence nécessite de l’humilité, de la remise en question. Il faut chercher à s’améliorer en permanence, à faire évoluer ses pratiques et à développer le champ de ses compétences.

Vous intervenez chez PEGASUS dans le cadre de la préparation des équipes de Médecins Sans Frontières (MSF) engagés dans le sauvetage des migrants en Méditerranée, quelle est votre contribution ?

J’interviens pour sensibiliser les équipes à l’accueil de réfugiés dans un environnement maritime, (j’avais développé des procédures sur cette thématique pendant mon expérience au SMUR à Mayotte). J’adopte ainsi des principes de médecine de catastrophe, mais dans un milieu conné (bateau) et particulier représenté par le monde de la mer. L’enjeu de cette intervention est d’aider à la préparation des équipes… jusqu’à l’arrivée des réfugiés. Anticiper les éventuels conflits, identifier tous les cas non conformes (le bateau qui est sur le point de chavirer, une émeute entre réfugiés, l’évacuation de blessés graves…).

Quels sont les parallèles / les différences que vous identifiez entre vos situations d’urgence et les « situations d’urgence » en entreprise ?

Une urgence, qu’elle soit en entreprise ou dans un milieu hospitalier, n’est en fait, dans 95% des cas, pas une véritable urgence. La 1ère chose à faire, c’est de définir l’urgence, qui correspond à des données très précises. Il faut ensuite faire une expertise et identifier quelles procédures respecter. Il est nécessaire de bien anticiper tous les cas non conformes, de prendre le temps de former tous les collaborateurs de l’entreprise.

Un conseil à donner à des dirigeants se sentant « en situation d’urgence » ?

Encore une fois, il faut que les grandes lignes de la conduite idéale à tenir soient connues du dirigeant ou du responsable car, de facto, dans de telles situations c’est souvent vers lui que chacun se tournera. Quelle que soit la nature de « l’urgence » (crise, imprévu, accident, etc.) les grands principes sont :

  • Anticiper : avoir réfléchi en amont aux procédures d’urgence.
  • Prévenir : en fonction de la situation, qui doit être rapidement informé.
  • Communiquer : quelles sont les questions auxquelles il va falloir répondre (en interne, en externe).
  • Évaluer : prendre le temps d’apprécier la situation réelle, et ne pas se contenter de rumeurs ou de bruits de coursives…
  • Protéger : si nécessaire, prendre des mesures de précaution vis-à-vis des personnes et des biens.
  • Réagir pas-à-pas : enclencher, par un 1er geste ou une 1ère action simple, une dynamique de « sortie de l’urgence », en donnant des tâches concrètes à réaliser par le personnel concerné, pour les mettre dans l’action et les sortir d’un éventuel effet de sidération.

Apprendre à réagir vite et efficacement face à une situation exceptionnelle repose sur des fondamentaux et sur de l’entraînement : c’est en cela que nous nous retrouvons avec PEGASUS Leadership et que nous partageons la même approche des bonnes pratiques individuelles et collectives, le cas spécifique de l’urgence médicale n’étant finalement qu’un cas particulier parmi tant d’autres.

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