Benoît Auger : Co-fondateur du Cabinet SEWSTER, diplômé de l’ESCP et Kedge Business School. Auparavant consultant pour de grands cabinets de conseil internationaux – Accenture, AON Hewitt, Heidrick & Struggles.

Jérôme Mandin : Directeur Associé de PEGASUS Leadership, ancien commandant du centre de formation des Forces Spéciales de la Marine.

L’EFFICACITÉ COLLECTIVE : POUR QUOI FAIRE… ?

Benoit : « Pour constituer des équipes performantes dans la DURÉE, c’est-à-dire des équipes qui seront capables de faire face à un environnement en constante mutation. La seule façon aujourd’hui de créer une entreprise viable dans un environnement totalement disruptif, c’est l’adaptabilité du potentiel humain avant la technologie. »

Jérôme : « Dans les Forces Spéciales, il y a une vraie conviction : nous n’avons de valeur que par les autres. Les rapports de force souvent très défavorables – des petites équipes face à un adversaire potentiellement très important – et le niveau de « performance » attendu nécessitent une démultiplication « à l’extrême » des capacités individuelles de chacun : seule la puissance du collectif permet de l’atteindre. C’est d’ailleurs assez fascinant de voir les choses extraordinaires que l’on peut réaliser en faisant collaborer efficacement ensemble des hommes… ordinaires ! »

UNE CONSTRUCTION DÉLICATE…

Benoit : « Le socle indispensable est celui de la confiance, en soi et dans les autres ; et la base de la confiance c’est la sécurité. À partir du moment où la sécurité a été créée au sein de l’équipe, la confiance et la collaboration sont possibles. Le rôle du leader doit donc être de construire dès le début cet environnement sécuritaire indispensable à l’efficacité du collectif. Cela ne se décrète pas et ne s’apprend pas, cela se vit, se partage et se débriefe. C’est un moment qui est cependant assez souvent oublié ou passé sous silence par peur d’ouvrir la boîte de Pandore. On assiste ainsi à la mise en place d’une pseudo-équipe qui n’ose pas parler de ses vulnérabilités et qui refuse d’admettre ses erreurs. »

Jérôme : « Je suis parfaitement d’accord avec Benoit, la CONFIANCE est la porte d’entrée de la performance collective. Si elle est solide, on pourra construire ensuite des équipes capables de développer une efficacité hors norme. Si elle est superficielle, tout l’édifice sera friable. La confiance se construit pas à pas, à partir d’événements marquants et fondateurs, qui doivent être autant de jalons ou de repères pour le collectif. Par exemple, vivre ensemble un moment émotionnellement fort – un « vécu commun ». Ensuite, elle se renforce par des preuves et des attentions, notamment au travers des feedbacks, des débriefings ou des « RETours d’EXpérience » dans notre jargon. Cette capacité à se dire des choses sans autre arrière pensée que de progresser fait souvent la différence entre une bonne équipe et une top team ! »

UNE MÉTHODE COLLABORATIVE SIMPLE.

Benoit : « Travailler ensemble requiert bien sûr de la méthode. Cette méthode doit rester simple pour durer dans le temps. Aujourd’hui on sent hélas plus un élan individuel que la mise en place d’une méthode collective. Cette méthode doit permettre de naviguer par beau temps mais aussi de rester serein lors des tempêtes. Cette méthode doit s’appuyer sur la mission de l’équipe, la mise en place d’un leadership rotatif ainsi que des règles claires de fonctionnement. Pour moi, un point est essentiel : l’audace ! Et dans une équipe l’audace c’est le questionnement ; pas la remise en cause mais la remise en question permanente pour progresser. »

Jérôme : « Le général de Gaulle disait « qu’il vaut mieux avoir une mauvaise méthode que pas de méthode du tout ». Dans les équipes que nous accompagnons chez PEGASUS Leadership, nous sommes souvent surpris par l’absence de méthode commune permettant de travailler efficacement ensemble ou par la fragilité de cette méthode lorsque la situation sort de l’ordinaire et que la pression augmente. Pourtant, avoir la possibilité de s’appuyer sur des « fondamentaux » simples, solides et partagés permet de se sortir de bien des problèmes. Dans les commandos Marine, on utilise quelques outils éprouvés pour aller rapidement à l’essentiel, utilisés par tous les acteurs du projet quel que soit leur rôle dans l’équipe : une compréhension commune de la mission, une réflexion sans tabou sur les modes opératoires, une organisation méthodique de l’action et un cycle de décision simplifié. Pour cela, il est vrai, il faut accepter de travailler selon 2 principes : DISCIPLINE et RIGUEUR… qui sont des mots de la langue française, pas un vocabulaire exclusivement réservé aux militaires… »

PAS D’ÉQUIPE SANS CHEF ?

Benoit : « Qu’est-ce qu’une équipe : une mission, des règles et un chef. Une équipe est constituée autour de rôles et de responsabilités, il faut apprendre à gérer les égos individuels, reconnaître les vulnérabilités pour les conscientiser. La méthode collaborative sera facilitée par la capacité à prendre le leadership à un moment donné et à savoir le laisser au profit d’un autre à un certain moment ; c’est à cet instant précis que l’équipe devient performante. »

Jérôme : « Nous n’avons pas rencontré, jusqu’à présent, d’équipe performante dans la durée sans leader. En particulier dans les situations inhabituelles ou exceptionnelles. En revanche, dans ces équipes performantes, le comportement du leader, son implication voire ses compétences professionnelles sont très variables d’une équipe à l’autre. C’est peut-être là toute la subtilité et la difficulté d’un leadership efficace : il n’y a pas de formule magique… sauf dans les livres ! Seule une parfaite connaissance du fonctionnement de son équipe mais aussi une réelle objectivité sur ses propres fragilités personnelles permettent, in fine, de trouver le « leadership approprié ». Qu’il faudra probablement réajuster pour l’opération suivante, c’est tout le charme des organisations vivantes ! »

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